Un premier bilan
Comme vous vous en êtes certainement rendus compte, la typologie basée sur des critères de type descriptif est la plus répandue. Les types de communautés basés sur ces critères ne sont pas figés. On peut ainsi observer des changements typologiques au fur et à mesure de leur évolution. Par exemple, certaines communautés d'intérêts, reprises par des organisations peuvent devenir des communautés d'apprentissage voire de pratique et vice-versa, ou encore des communautés d'apprentissage créées dans le cadre de formation organisées par des institutions éducatives peuvent déboucher sur des communautés de pratique. Enfin, plusieurs types de communautés peuvent cohabiter au sein d'une communauté principale. Ainsi, au sein, par exemple, d'une communauté d'apprentissage, des liens plus informels peuvent se créer entre certains membres et entraîner la création de micro communautés d'intérêt. Ou encore, pour des activités spécifiques, des micro communautés de pratique peuvent naître au sein d'une communauté d'apprentissage (face à un public hétérogène dans le cadre d'une formation touchant un thème transversal, des personnes issues du même milieu peuvent être amenées à discuter le transfert des concepts étudiés dans leur domaine).
Malgré les difficultés d'interprétation qu'elle représente, la typologie basée sur des critères de types cognitifs peut s'avérer très intéressante lorsqu'il s'agit d'analyser les interactions au sein d'une communauté. Des recherches ont été entamées notamment au niveau de l'étude des interactions au sein des forums, nous resterons attentifs à leur développement. Au niveau des critères de type cognitifs, il serait également opportun d'explorer une utilisation de la taxonomie des objectifs cognitifs de Benjamin Bloom pour une étude des interactions. Enfin, d'autres chercheurs proposent également l'utilisation des triades du modèle de la théorie de l'activité (11) développé par Yrjo Engestrom (sur la base des travaux de Vygotsky et Leontiev) dans l'analyse des interactions au sein des communautés.
Enfin, la dernière typologie met en lumière l'importance des valeurs et du vécu de chaque individu dans le cadre d'échanges communicationnels. Elle nous propose une distinction dichotomique fort intéressante quand il s'agit d'analyser les interactions d'une communauté et la hiérarchie qui peut s'y établir. Ici aussi, il peut exister plusieurs niveaux dans le domaine hétéronome et autonome. De même que ces deux niveaux peuvent être présents dans une même communauté en fonction des conjonctures.
Pour terminer ce petit bilan, je souhaitais également insister sur deux éléments. Premièrement, il est important de préciser qu'il est difficile d'isoler les rapports cognitifs des valeurs des facteurs descriptifs. D'ailleurs, de nombreuses communautés présentent toutes les caractéristiques liées à ces trois dimensions.
Deuxièmement, il est important d'utiliser les trois caractéristiques d'une communauté de pratique citées par Wenger (le domaine, la communauté et la pratique) tant dans un but descriptif que dans un but analytique. Lors de ces analyses, il s'agit alors d'aller plus loin au sein de chaque dimension pour pouvoir identifier l'essence même des relations qui définissent les communautés que nous observons.
(11) Tyler Wait (2005), Activity Theory, Indiana University, SLIS, http://www.slis.indiana.edu/faculty/yrogers/act_theory2/ consulté le 4 décembre 2005